LE MYRIOPHYLLE À ÉPIS
Le myriophylle à épis, une menace pour la biodiversité du lac
 
La présence du myriophylle à épis dans notre lac s'explique de plusieurs façons et l'ALT est déterminée à contrôler son développement de manière à minimiser son impact à long terme sur la biodiversité du lac Trousers.
 
 
Petit cours 101 sur le myriophylle à épis
 
Le myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum) est une plante aquatique vivace qui vit submergée entre 0,5 et 7 m (surtout entre 0,5 et 4,5 m) de profondeur. La plante prend racine au fond et croît vers la surface de l'eau où elle se ramifie en formant alors une canopée dense à la surface de l’eau. Elle est considérée comme étant l’espèce exotique  qui s’adapte le mieux à une panoplie d’environnements différents, ce qui la rend très envahissante. La formation d’un herbier dense de myriophylle à épis empêche les espèces végétales indigènes de croître et à la faune aquatique d’y habiter.
 
Le myriophylle à épis peut se reproduire de deux façons, soit sexuée par des graines ou asexuée par fragmentation des tiges (boutures). En réalité, il se reproduit essentiellement de cette seconde manière, raison principale de sa propagation. Les activités humaines telles que la pêche, les sports nautiques et la navigation sont également des vecteurs de sa dissémination.
 
La présence du myriophylle à épis dans notre lac s'explique principalement de deux façons:
  • Par l'importance de son bassin versant qui comprend plusieurs lacs et cours d'eau dont certains sont infestés et qui se déversent inévitablement dans notre propre lac par la rivière Missisquoi;
  • Par la présence d'embarcations infestées, non-nettoyées, avant leur mise à l'eau
 
 
Méthodes de contrôle
 
Plusieurs méthodes ont été testées au cours des ans pour tenter de contrôler la propagation de cette plante dans les différents cours d'eau. Au Québec, les trois principales méthodes retenues pour leur efficacité relative sont : l'arrachage, la toile de jute et la toile synthétique:
 
  • L'arrachage consiste  au déracinement des plantes par des plongeurs professionnels qualifiés. Ce travail minutieux est très efficace mais aussi très coûteux, surtout si on l'utilise sur de grandes superficies;
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  • La toile de jute peut être utilisée pour couvrir les zones infestées par le myriophylle à épis. La toile va étouffer le myriophylle et ses racines en le comprimant au fond du lac. Elle se dégradera au bout d’une période de 1 à 3 ans permettant aux plantes indigènes de repeupler leur espace;
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  • La toile synthétique (comme l'Aquascreen) représente une solution efficace, mais non biodégradable. La réglementation québécoise exige cependant qu’il faille la retirer en fin de saison, ce qui est techniquement difficile et coûteux.
Les deux dernières méthodes nécessitent d'avoir un certificat d'autorisation du MELCC (Ministère de l'environnement et de la lutte aux changements climatiques) avant de procéder. Nous avons obtenu le nôtre à l'été 2021.
 
 
Le plan à long terme de l'ALT pour le contrôle du myriophylle à épis
 
Tout a débuté à l'été 2020. L'ALT a été alors très active sur plusieurs plans afin de bien circonscrire le problème et sensibiliser les villégiateurs quant aux actions que chacun peut faire pour aider à freiner la dissémination de cette plante. Tout d'abord, une campagne d'affichages a été développée avec l'aide précieuse de nos deux municipalités, Bolton-Est et Saint-Étienne-de-Bolton, en collaboration avec les associations des lacs Nick et Long. L'objectif était de rappeler aux usagers les petits gestes à poser qui peuvent faire la différence. En parallèle, l'ALT a installé des bouées sur le lac signalant la présence d'herbiers importants de myriophylle et ainsi faire en sorte que les embarcations les évitent afin de minimiser leur dissémination dans le lac. Ces bouées sont remises à l'eau à chaque été depuis.
 
Un premier inventaire a alors été dressé afin de mesurer l'étendue du problème. De ce travail, la superficie totale des herbiers de myriophylle a été estimé à 10,000 mètres carrés, répartis sur 13 herbiers, soit environ 8% de la superficie totale du lac. Enfin, une première phase d'arrachage a été mise sur pied en collaboration avec le RAPPEL et l'Université Bishop's de Lennoxville afin de tester la méthode dans notre lac. Toutes ces actions nous ont permis d'élaborer un plan stratégique sur 3 ans pour le contrôle du myriophylle. Ce plan a été présenté à nos membres lors de notre assemblée générale annuelle de septembre 2020. Cliquez sur le lien suivant pour prendre connaissance de notre Stratégie pour le contrôle du myriophylle à épis.
 
À l'été 2021, suite à l'obtention de notre Certificat d'Autorisation (CA) du Ministère de l'Environnement et des changements climatiques du Québec nous permettant de faire du recouvrement, nous avons procédé à un nouveau repérage des herbiers de myriophylle afin de confirmer la situation observée en 2020. Nous nous sommes alors aperçus que la situation s'était pas mal modifiée dans le lac. Plusieurs herbiers, dont certains occupaient la plus grande surface l'été d'avant, avaient presque totalement disparus! Devant ce nouvel enjeu, nous avons dû revoir toute notre stratégie élaborée l'été précédent, d'autant plus que le financement de notre plan stratégique était loin d'être suffisant ayant été refusé au programme de subventions fédérales ÉcoAction. Nous nous sommes donc tournés vers les spécialistes du RAPPEL et de Bishop's pour tenter de comprendre ce qui se passait dans notre lac. Il a été convenu plutôt de passer à une période d'étude sur quelques années où nous documenterons l'évolution des différents herbiers de myriophylle mais aussi d'autres plantes exotiques envahissantes comme le Potamot avant de trop dépenser sur des herbiers qui risquent de ne plus y être naturellement la saison suivante. 
 
 Notre approche pour les prochaines années sera définie donc par un repérage annuel systématique des herbiers du lac suivi par des actions circonscrites (arrachage et bâchage) sur certains petits herbiers afin d'en mesurer l'efficacité à moyen terme (sur 2-3- ans). À l'été 2023, en plus de l'identification des herbiers, nous avons procédé à deux journées d'arrachage en collaboration avec nos deux partenaires, là où cette technique est reconnue comme la plus efficace. Puis, nous avons procédé au recouvrement de l'autre moitié d'un herbier très dense de myriophylle devant la descente de bateau au camping, suite au bâchage de la première moitié à l'été 2022. Nous avons également recouvert un petit herbier au fond de la Baie de la 245.
 
Photos du travail de bâchage au camping et dans la Baie de la 245.
 
                  
 
 
Voici la carte des herbiers de myriophylle produite par le RAPPEL pour la saison 2023.
 
 
  
Pour les étés à venir, nous ferons de même, soit le repérage et le mesurage des herbiers. Nous procéderons également à de l'arrachage ainsi qu'à du recouvrement de certains petits herbiers. La comparaison annuelle des surfaces occupées par ces herbiers nous donnera une mesure comparative importante pour comprendre la dynamique des herbiers d'espèces exotiques envahissantes observée dans le lac.
 
Les résultats de la mesure de 2023 nous ont agréablement surpris puisqu'ils indiquent un recul de 38% de la surface des herbiers de myriophylle à épis, passant de 6,708 m2 en 2022 à 4,133 m2 en 2023. Il s'agit d'une deuxième baisse consécutive de la superficie mesurée des herbiers de myriophylle. Nous voilà bien encouragé à continuer nos efforts en ce sens. Nos travaux de recouvrement et d'arrachage à l'été 2023 n'expliquent pas, à eux seuls, ces reculs.  Plusieurs autres facteurs, encore mal connus des scientifiques, sont responsables de la majorité de ce recul. Tout comme en 2022, les fortes précipitations de l'été 2023 pourrait expliquer une partie de ceux-ci en ayant un impact sur un niveau d'eau plus élevé et sur la transparence de celle-ci, soit deux facteurs importants favorisant le présence ou non du myriophylle. Quoiqu'il en soit, ces résultats nous confortent dans notre décision de continuer de suivre de près l'évolution des herbiers de myriophylle dans notre lac.
 
 L'ALT demeure donc encore très impliquée en ayant pour objectif de poser les bases pour des actions futures efficaces de contrôle de ces herbiers afin d'améliorer la santé de notre lac. Soyez à l'affût, l'action ne manquera pas au lac Trousers ces prochaines années!
 
 
 
 
 
Vous et le myriophylle à épis
 
On peut rappeler quelques petits gestes simples qui, s'ils sont appliqués par tous et toutes, pourront contribuer à réduire cette menace pour notre lac :
  • Soyez attentif et vigilant en vous promenant sur le lac et si vous découvrez un nouvel herbier de myriophylle, n'hésitez pas à nous contacter;
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  • Faites nettoyer vos embarcations et celles de vos invités avant de les mettre à l'eau si elles sont allées sur d'autres plans d'eau auparavant. Une station de lavage à haute pression est installée sur la rue des Pins à Eastman, tout juste à la sortie de l'A10;
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  • Évitez de passer sur les herbiers avec votre embarcation, principalement les herbiers qui seront identifiés par les bouées de navigation arborant l'affiche ci-haut comme étant les plus fortement colonisés par le myriophylle à épis;
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  • Ramassez les boutures de myriophylle qui flottent et jetez-les le plus loin possible hors du lac.
 
 
 Pour plus d'information sur le myriophylle à épis, cliquez ici pour avoir accès au petit guide produit par le CRE des Laurentides en 2016.
 
De plus le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les Changement Climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) vient de publier une courte vidéo explicative sur le myriophylle à épi très instructive. Cliquez ici pour la visionner.
 
 
L'ASSOCIATION DES AMIS DU LAC TROUSERS
Bolton-Est (QC) J0E 1G0
Saint-Étienne-de-Bolton (QC) J0E 2E0
(514) 973-7681
alt.lactrousers@gmail.com